LE SAFSARI : Tradition vestimentaire "purement" tunisienne ?
Les femmes musulmanes de Castille

Cette étoffe de tissu soyeux, ce voile blanc, que portaient fièrement nos mères, nos grandes mères et qui se déclinait en une infinie variété et de design et de teinte blanche statuant ainsi publiquement la position sociale de celles qui le portaient, était jadis, la tenue par excellence de la femme tunisienne et cela pendant de nombreux siècles (chaque région de la Tunisie avait une déclinaison qui lui était propre).
De nos jours, le safsari, piece incontournable de la garde robe de la femme tunisienne, a perdu son statut social vestimentaire et est rangé au mieux parmi les vestiges folkloriques des traditions vestimentaires tunisiennes. Il est, d'ailleurs, peu fréquent, pour ne pas dire rare de croiser des femmes portants cette belle étoffe soyeuse, dans les rues de Tunis. Sans non nostalgie, nous nous remémorons une belle époque révolue, où nos médinas, nos villages et nos villes étaient peuplés de nos chères colombes blanches.
Entant qu'habit traditionnel, le safsari est fêté lors de la journée de l'habit traditionnel tunisien. Et pour que cela ne soit pas qu'un simple acte de résistance culturelle, il est important de parler de l'origine du safsari et comment il est né et a pris place dans notre patrimoine culturel vestimentaire.
Le hasard a fait que je tombe sur un article intéressant produit par Alfonso Casani – FUNCI Madrid, Espagne qui apporte un éclairage édifiant sur les origines de cet habit traditionnel. Ci-après un résumé traduit de l'espagnol.
" ... Depuis le début du XVe siècle, comme cela arrivait également pour les hommes musulmans, ils devaient accrocher une demi-lune turquoise sur leur épaule droite par-dessus leurs vêtements amples. La reine consort Catalina de Lancaster a forcés les femmes musulmanes à porter de grands manteaux (sorte de grand tissus) qui devait les couvrir de la tête au pieds et qui, pliés, couvrait leur visage.
Un siècle plus tard, à la fin de la deuxième décennie du 16 e siècle, l'artiste flamand Christoph Weiditz a rejoint le roi Charles V sur un voyage à la péninsule ibérique, et dépeint les femmes maures musulmanes de Grenade avec de grandes capes qui les recouvrait complètement et les a empêchés de montrer leur visage. Cette robe pourrait avoir été héritée des impositions de vêtements imposées à ces femmes musulmanes.
La tenue imposée par la reine consort Catalina de Lancaster rappelle fortement « Le Safsari » vêtements portait par les tunisoises et les vêtements que portent actuellement les femmes tunisiennes dans les villes fondées par les Maures au début du 17 e siècle, lorsqu'elles ont été contraintes à l'exil par le roi Philippe III (1578-1621). Il faut noter que la Tunisie avait accueilli la plupart des 300 000 maures expulsés, et l'héritage islamique hispanique « Andalous » s'est poursuivi à travers ces femmes, comme le montre la préservation de leurs vêtements."